Alexandre
Bagdassarian



Projects       Commissioned        Tearsheets        About / CV



























       Seize
et demi


8 mois dans une prison pour mineur.e.s
France, 2024-2025















“ Nous évoluons dans la prison, sur les murs des graffitis réalisés lors d’ateliers, quelques citations d’auteur·ice·s connu·e·s bombées au pochoir, des cartes du monde épinglées ici et là. Dans la salle dédiée aux auditions, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 est fixée au mur avec des morceaux de scotch. Au sol, d’autres bandes de scotch, jaunes cette fois, délimitent l’emplacement du·de la détenu·e, face au bureau surélevé où siège le personnel judiciaire.

Dans les cellules, quand je rencontre les jeunes, la relation et l’atmosphère peuvent changer du tout au tout. Certains écrivent, d’autres dessinent, certains parlent, d’autres sont mutiques. Sur les murs sont écrits leurs histoires, plus ou moins mythifiées, et parfois des phrases simples, qui semblent résumer des années de galères : « À 22h, j’ai rendez-vous avec la mort », etc.. Puis, lorsque le·la jeune est libéré·e ou transféré·e, ses écrits sont recouverts d’une nouvelle couche de peinture. Le mille-feuille s’épaissit. Au fil des mois, le lieu change. Les arbres sont taillés, retrouvant leur forme initiale. Les grilles des fenêtres des cellules, souvent sciées pour y passer une main, ou un objet, sont remplacées, puis stockées temporairement à l’extérieur, à côté de pile de vitres brisées.

Dans cet espace opaque, entrecoupé de portes et de grilles, résonnent les cris des jeunes prisonnier·e·s. Ils communiquent entre eux d’une fenêtre à l’autre, avec nous, ou plus loin vers l’extérieur. Certains jours, sans raison apparente, tout devient incroyablement bruyant, électrique — puis, le lendemain, c’est le silence absolu.

Au fil des jours, ma présence devient moins remarquée. J’attrape des histoires au vol : des débuts de phrases, des fins d’explications. Parfois, la tristesse dans la voix ou le regard d’un éducateur. La tension chez un·e surveillant·e. Les grésillements des talkies-walkies, les bruits métalliques des clés et des portes forment la dernière couche sonore, la plus évidente en prison : celle de la surveillance et du contrôle. Des histoires, il y en a partout dans la prison. Elles bourdonnent dans les couloirs à l’éclairage voilé, résonnent à travers les murs en béton, se faufilent dans les cours de promenade et les salles d’éducation. Mais le système carcéral n’aime pas les yeux et les oreilles extérieures. Alors la parole se tronque, s’auto-censure. ” (texte complet sur demande)











2025, Centre de photographie Le Bleu du Ciel, Lyon ( à venir )
2025, Exposition In-situ , EPM du Rhône, Meyzieu

2024, Lauréat bourse Appels d’air ADAGP



Octobre 2025, Le Bleu du ciel, Lyon
Octobre 2025, Le Bleu du ciel, Lyon
Octobre 2025, Le Bleu du ciel, Lyon
Octobre 2025, Le Bleu du ciel, Lyon
Octobre 2025, Le Bleu du ciel, Lyon
Juin 2025, Exposition in-situ, EPM de Meyzieu